Une majorité d’organismes à but non lucratif (OBNL) compose avec une situation financière précaire, notamment les organismes axés sur la communauté noire, dirigés par des personnes noires et au service des populations noires (ci-après « organismes de la communauté noire »). Bon nombre d’entre eux disposent de peu de moyens et font face à des obstacles systémiques, tout en étant confrontés à des exigences croissantes en matière de transparence et à des attentes irréalistes quant à la démonstration de leurs retombées.
Avant la pandémie de COVID-19, nombre de ces organismes étaient déjà fragilisés par l’effritement des possibilités de financement et peinaient à trouver des bailleurs de fonds pour soutenir le travail essentiel mené auprès de leurs collectivités. En dépit de bonnes idées ciblant de réels besoins communautaires, beaucoup ont de la difficulté à faire le poids face aux grands OBNL en raison d’un manque de personnel pour rédiger des demandes de subvention convaincantes. De plus, les exigences liées aux processus de financement posent d’insurmontables obstacles qui empêchent ces organismes d’obtenir du financement, du soutien pour renforcer leurs capacités et d’autres ressources pour remplir leur mission.
« Ces défis et obstacles sont systémiques, et nécessitent une intervention à l’échelle de la société. »
La pandémie de COVID-19 a exacerbé les défis et obstacles auxquels se heurtaient déjà les organismes de la communauté noire tout en freinant sérieusement leur capacité à maintenir leurs activités et à servir leurs collectivités. Même les efforts déployés par le NABC et ses partenaires pour aider ces organismes, notamment en réclamant l’élimination de freins dans le processus de subvention (p. ex. fonds d’urgence relatifs à la COVID-19), n’ont pas suffi à lever les obstacles.
Le NABC et ses partenaires continuent de collaborer avec les organismes de la communauté noire pour revendiquer et opérer un changement systémique en renforçant leurs capacités, en réclamant un financement de base et une transformation profonde ainsi qu’en demandant un financement intelligent. La réforme de l’écosystème de financement requiert un engagement soutenu et pérenne, et le renforcement des capacités des organismes est indispensable à cette transformation.
Voici quelques principes de base que les organismes de la communauté noire doivent considérer lors de la recherche de financement et la rédaction de demandes de subvention :
- Harmoniser les priorités. Avant de consacrer temps et énergie au processus de rédaction d’une demande de subvention, il faut comprendre les priorités et objectifs des bailleurs de fonds. L’harmonisation des grandes lignes de la subvention, de la mission de l’organisme et des buts du partenaire financier est cruciale pour ancrer solidement le partenariat.
- Collaborer. Tout partenariat de financement fructueux repose sur une relation transformatrice plutôt que transactionnelle. Les organismes et les bailleurs de fonds doivent collaborer pour comprendre les besoins et les forces communautaires, proposer conjointement des solutions et s’entendre sur l’ampleur du financement ou des ressources nécessaires pour mettre en œuvre ces solutions.
- S’orienter sur la mission. Indépendamment de leur taille ou de leur historique, les organismes sont un moyen d’atteindre un objectif. Bien que les moyens importent autant que la fin, l’objectif premier de la recherche de financement est de répondre aux besoins de la collectivité servie. Il faut éviter de s’écarter de la mission et de se lancer dans une course au financement. Les actions motivées par une mission sont souvent garantes de partenariats fructueux et de relations transformatrices.
- Réfléchir à long terme. Lors de la rédaction d’une demande de subvention, il faut réfléchir à l’avenir et démontrer que les actions se poursuivront au-delà de la relation de financement. Même si les obstacles systémiques qu’ils rencontrent freinent leur planification à long terme, les organismes doivent se doter d’objectifs pérennes qui dépassent les considérations financières.
- Prendre au sérieux la production de rapports financiers. Les rapports permettent aux organismes de démontrer qu’ils répondent aux exigences des parties prenantes internes et externes en matière de transparence et de retombées. Les bailleurs de fonds exigent des rapports financiers pour connaître la manière dont les sommes sont dépensées. En matière de reddition de comptes interne et externe, les organismes doivent se doter de politiques et de procédures de gestion financière et les appliquer. Une gestion financière saine et transparente ainsi qu’une évaluation des retombées du financement sont des aspects incontournables de la production de rapports.
- Instaurer une culture de perfectionnement. La mise en place d’une culture de perfectionnement et de réflexion permet aux organismes d’obtenir des commentaires sur ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas, pour qui et pourquoi, de même que sur la manière d’améliorer leurs services. Voilà qui est essentiel à l’évolution de la relation avec les bailleurs de fonds et à l’instauration d’un changement profond au sein des partenariats de financement.
- Valoriser la curiosité. Les leçons tirées du travail des organismes doivent être considérées comme un indicateur de leur responsabilité. Les organismes s’associent à des partenaires financiers pour proposer des solutions à des besoins en mettant à l’essai des hypothèses ou théories pour cibler ce qui fonctionne et qui peut être adopté à grande échelle. Lorsqu’une solution échoue, d’importantes leçons peuvent être tirées. Ce processus continu de réflexion permet d’appliquer ces leçons et de faire émerger des pratiques exemplaires.
- Raconter un récit convaincant et ancré dans la réalité. La rédaction de demandes de subvention est un art et une science : il faut raconter une histoire convaincante qui brosse un portrait éloquent et précis des collectivités en mentionnant leurs forces et leurs besoins d’une manière rationnelle et sans donner dans la victimisation. Cet exercice permet de proposer des solutions inspirées de la sagesse communautaire et des meilleures pratiques observées ailleurs.