En collecte de fonds, il y a généralement deux camps : 1) les organismes qui embauchent des professionnels de la collecte de fonds; 2) les organismes qui font leur collecte de fonds sur leurs coins de bureau.
Le 2e camp se compose habituellement de directeurs généraux, de personnel administratif ou de personnel des programmes qui trouvent à peine le temps de collecter des fonds, tout en donnant la priorité à la prestation de programmes, à la gestion, et à la défense de leurs causes, entre autres fonctions. Ils recherchent du financement en dernier recours à cause de leurs ressources limitées mais, s’ils avaient le choix, ils donneraient la priorité à leurs autres responsabilités essentielles pour leur mission.
Les personnes de ce groupe sont souvent ce que j’appelle des « collecteurs de fonds réticents ». Elles n’ont pas choisi de collecter des fonds, cette activité ne fait pas partie de leur cheminement de carrière et elles se forment habituellement sur le tas avec un budget de misère.
Les collecteurs de fonds réticents recherchent souvent une solution facile — une solution miracle ou une formule magique qui leur simplifiera la collecte de fonds. Ils sont souvent à la recherche de stratégies à la mode ou d’argent « facile », donné par des entreprises. Ils énumèrent les philanthropes bien connus qui donneraient à l’organisme si seulement ils le connaissaient. Ils présentent chaque année dans la précipitation le plus grand nombre de demandes de subvention possible en espérant une réaction généreuse. Tout cela ne vous rappelle-t-il rien?
Lors de mon travail avec des centaines de collecteurs de fonds à contrecœur, je les ai vus essayer tant de méthodes différentes pour réussir leurs collectes de fonds — la plupart du temps en vain. Mais la racine du problème est beaucoup plus profonde que les méthodes elles-mêmes.
Voici les trois principales erreurs commises fréquemment par les collecteurs de fonds réticents et les leçons à en tirer.
Erreur #1: Gestion du temps difficile
Technique : Prenez l’habitude de vous concentrer sur une seule tâche à la fois
Nous nous targuons souvent de pouvoir jongler brillamment avec plusieurs tâches en même temps, mais cela peut détruire notre productivité. Collecter des fonds exige non seulement d’y consacrer votre temps, mais aussi de vous y consacrer en totalité. Recherchez tout simplement dans Google le terme « commutation de contexte », employé pour décrire une personne qui passe d’une tâche à l’autre, sans rapport entre elles, pour voir comment le fonctionnement multitâches sape notre productivité.
Au lieu d’effectuer plusieurs tâches en même temps, essayez de régler un chronométreur à 40-50 minutes, de fermer votre courriel, de placer votre téléphone dans un tiroir et de vous concentrer sur un seul projet. Ne passez pas à un autre projet avant d’avoir terminé le premier.
Quand le chronométreur sonne, levez-vous et bougez pendant dix minutes. Un peu d’exercice physique libère votre dopamine, ce qui facilitera votre concentration sur votre prochaine série de tâches. Essayez dix sauts avec écart, ou quelque chose d’équivalent, selon votre forme physique.
La concentration est une question d’habitude. Plus vous emploierez cette technique, plus votre concentration deviendra facile.
Erreur #2: Se concentrer sur les tactiques avant de changer d’attitude
Technique : Reprogrammez votre cerveau pour rendre votre conception de la collecte de fonds positive
Pour collecter plus d’argent, vous devez changer d’opinion au sujet de la collecte de fonds.
Si vous estimez que la collecte de fonds est « écœurante » ou revient à « se vendre », ou si vous pensez que la collecte de fonds n’est pas votre fort, vous n’obtiendrez jamais de bons résultats!
En fait, des preuves neuroscientifiques démontrent que plus nous croyons en la véracité de quelque chose, plus nos cerveaux recherchent des preuves à l’appui et ignorent les preuves contraires. Dans ces conditions, comment pouvons-nous reprogrammer nos cerveaux pour commencer à avoir une opinion positive à l’égard de la collecte de fonds?
Pour trouver la réponse à cette question, j’ai créé quatre archétypes de collecteurs de fonds qui vous feront comprendre exactement quel système de convictions vous empêche de collecter des fonds afin de remplacer celles-ci par un nouvel ensemble de convictions qui vous donneront les moyens d’agir. J’appelle ces nouvelles convictions votre alter ego en collecte de fonds, parce qu’elles vont changer votre attitude envers la collecte de fonds.
Répondez à ce questionnaire pour faire la connaissance de votre alter ego en collecte de fonds (en anglais) et commencez à collecter plus d’argent pour votre organisme sans but lucratif.
Erreur #3: Comparer le fonctionnement interne de votre organisme au fonctionnement externe d’un autre
Technique : Donnez la priorité à un ou deux domaines de collecte de fonds pertinents pour les organismes comparables au vôtre et maîtrisez-les vraiment bien
Je me souviens de ma première conférence sur la collecte de fonds. J’étais la seule collectrice rémunérée d’un petit organisme et j’ai été époustouflée par la sophistication des méthodes et des idées de collecte de fonds présentées.
Mais je n’ai vu que le côté externe de la collecte de fonds : les messages, les événements prestigieux et l’appui de personnes célèbres. Je ne pouvais pas voir l’activité en coulisses — les systèmes, la dotation en personnel, les outils et les bénévoles.
La majorité des personnes qui collectent des fonds sur un coin de bureau font comme moi. Nous voyons ce que les gros organismes font à l’externe et nous essayons d’en faire de même dans notre petit organisme, sans comprendre les systèmes internes. Notre secteur est tristement célèbre pour son absence d’investissement dans la capacité et l’infrastructure essentielles pour la croissance.
Au lieu d’essayer de copier les gros organismes, essayez de trouver de la formation et des ressources destinées aux petits organismes, plus faciles à adopter pour une équipe de votre taille. Au lieu d’essayer d’apprendre tout sur la collecte de fonds, concentrez-vous sur un ou deux domaines et maîtrisez-les avant de passer au suivant. Commencez là où vous en êtes et allez de l’avant.
Trouvez votre domaine de prédilection en collecte de fonds avec ce guide gratuit de la stratégie de collecte de fonds. (en anglais)
Nos auteurs et autrices invité.e.s s’expriment à titre personnel. Leurs opinions ne reflètent pas nécessairement celles d’Imagine Canada.
Cindy Wagman est présidente fondatrice de The Good Partnership, une entreprise de conseil axée sur les valeurs et éclairée par la justice sociale qui s’efforce de débloquer le potentiel des petits organismes caritatifs par la collecte des fonds et le soutien des systèmes. Cindy est devenue collectrice de fonds certifiée en 2009 et a obtenu sa maîtrise en administration des affaires à la Rotman School de l’Université de Toronto en 2013. Elle a effectué des présentations pour l’AFP (Association of Fundraising Professionals), CanadaDon, CharityVillage, the Centre for Social Innovation et pour la municipalité régionale de York et a enseigné la collecte de fonds au Collège Humber. Elle est l’animatrice du podcast The Small Nonprofit, le numéro un des podcasts du Canada pour les organismes caritatifs.