La première réflexion de la plupart des gens lorsqu’ils sont initialement exposés à la méthode de réflexion conceptuelle, c’est qu’elle a très peu à voir avec quoi que ce soit de visuel.
En fait, il s’agit d’une forme de résolution de problèmes qui passe par une profonde réflexion.
Dans le cadre de la méthode de réflexion conceptuelle, un solide sens du design est synonyme d’excellente compréhension des émotions et des comportements humains. Essentiellement, le concept est basé sur l’empathie, et l’empathie est la principale force des organisations caritatives. Un organisme de bienfaisance ne peut servir sa communauté s’il ne comprend pas les problèmes auxquels elle fait face.
Mais encore, il importe de mettre cette force en contexte.
Réflection conceptuelle: un processus en 5 étapes : Empathie; Définition; Idéation; Prototype; Test
Credit: Interaction Design Foundation.
Au cours du sommet d’Imagine Canada tenu à Toronto le2 mai, Capacity Canada, un organisme national caritatif dont la mission est de « favoriser l’interaction des personnes et des ressources qui alimentent l’innovation sociale », a tenu un atelier sur la réflexion conceptuelle appelé « Conceptualiser en fonction du bien commun. » Les participants y étaient amenés, par le biais d’un schéma de l’empathie, à s’interroger mutuellement sur les changements majeurs qui surviennent dans leur vie et au travail. Par exemple, les participants se sont mutuellement demandés quels sont pensées, les sentiments et les comportements que leurs expériences suscitent.
Si ces échanges ont d’abord mis les gens mal à l’aise, ils se sont finalement avérés très révélateurs. L’exercice a amené les participants à dévoiler des détails et des sentiments sur leur vécu qu’ils n’avaient même pas réalisés eux-mêmes. En situation réelle, la profondeur de cette réflexion est inestimable.
On sait que la plupart des organismes caritatifs sont habitués aux échanges emphatiques, intenses et délicats. La plupart du temps, le simple fait qu’une personne collabore avec votre organisme témoigne de ses valeurs et de ses expériences les plus constructives. Idéalement, ce processus devrait survenir naturellement. Mais il reste du travail à faire de ce côté.
Dans certains cas, des luttes internes privent l’organisme de son essence. Dans d’autres situations, même si un professionnel du secteur caritatif comprend et s’identifie aux problèmes majeurs de sa communauté, il en sait parfois très peu sur les difficultés de ses propres collègues.
Il peut également s’agir d’un enjeu central délicat. Par exemple, lorsqu’un organisme est convaincu de bien comprendre le problème et ne se pose pas les bonnes questions.
La nature à deux vitesses de la réflexion conceptuelle est donc souvent négligée. Faire preuve d’empathie envers les personnes que l’on sert permet en même temps d’en apprendre davantage sur soi-même.
Une fois les échanges autour du schéma d’empathie complétés, les participants sont tous ensemble revenus sur le processus. Il était incroyable de voir quel point les gens avaient beaucoup appris les uns des autres en un aussi court laps de temps, à partir d’une expérience. Enfin, ma réplique préférée vient de Jerry Smith :
« Ma grand-mère avait l’habitude de me dire, “Jerry, il y a une bonne raison pour laquelle dieu nous a donné deux oreilles et une bouche.” »