Redéfinir la prochaine génération de philanthropes
<p class="headline-type">Un nouveau programme de la Toronto Foundation bouscule les idées reçues. À vous de l’imiter.</p><br />
<h2>L’idée</h2><br />
<p>En mai 2017, lorsque nous avons commencé à discuter publiquement de notre vision à créer <a href="https://torontofoundation.ca/donate/" target="_blank">50 nouveaux fonds</a> dirigés par des jeunes des générations X et Y, certaines voix fortes dans le secteur se sont moqués de nous. L’idée était énorme : créer un programme de deux ans pour apprendre aux jeunes philanthropes à connaître les enjeux dans notre ville, à octroyer des fonds de manière efficace et à faire partie du développement communautaire en passant par les gens et organismes sur le terrain. Pour y participer, il fallait consentir à un incontournable : créer un fonds de dotation permanent auprès de la <a href="https://torontofoundation.ca/donate/" target="_blank">Toronto Foundation</a>, une fondation communautaire. À ce titre, nous sommes dans une position unique pour offrir des ressources et un accès à l’expertise sur les problèmes les plus tenaces dans notre ville ainsi qu’aux organismes qui travaillent sans relâche à les résoudre. En près de 40 ans d’existence, nous n’avions jamais conçu de programme s’adressant expressément aux jeunes, et nous ignorions si cette idée allait plaire. De toute évidence, nous avons touché une corde sensible.</p><br />
<p>Notre idée n’avait rien de révolutionnaire. En fait, d’autres organismes sans but lucratif (<span class="caps">OSBL</span>) avant nous ont créé de tels programmes et offrent une démarche intéressante. Or, nous voulions pousser la note plus loin. Grâce aux travaux de recherche de <a href="http://casefoundation.org/wp-content/uploads/2014/11/MillennialImpactRe…; target="_blank">The Case Foundation</a> (et de plusieurs autres organismes), nous savions que la prochaine génération préfère s’engager au-delà d’une cause ou d’un événement unique. Et ce n’est pas juste qu’ils le préfèrent, ils en ont besoin.</p><br />
<h2>Une occasion à ne pas manquer</h2><br />
<p>Les jeunes des générations X et Y changent notre vie en proposant des idées innovatrices et intéressantes, notamment dans le domaine de la philanthropie. Ils sont bien informés, cherchent à s’engager dans le monde qui les entoure et tiennent leur inspiration des causes qui les interpellent. Contrairement aux générations précédentes, souvent fidèles à certaines institutions et organisations, les jeunes donnent à des causes particulières et sont motivés par les résultats concrets de leur contribution.</p><br />
<p>Le comportement philanthropique de la prochaine génération est d’ailleurs grandement influencé par les défis financiers de notre temps, notamment le prix élevé de l’immobilier, une dette étudiante importante et des salaires timides. C’est pourquoi les jeunes s’engagent davantage comme bénévole en organisant et en participant à des activités ou en plaidant pour une cause, que ce soit en ligne ou sur le terrain. Environics Analytics a publié des <a href="http://www.environicsanalytics.ca/docs/default-source/eauc2015-presenta…; target="_blank">données révélatrices à ce sujet</a>, et bien qu’elles portent davantage sur les jeunes relativement bien nantis des générations X et Y, elles permettent de constater un consensus en matière de motivation et d’intérêt, toutes catégories salariales confondues.</p><br />
<h2>Vision 2020</h2><br />
<p>Entre la fête du Travail 2017 et le 1<sup>er</sup> janvier 2018, nous avons créé plus de 50 nouveaux fonds avec la participation de plus de 70 personnes âgées de 23 à 50 ans, la plupart d’entre eux ayant la jeune trentaine. Ce groupe est véritablement à l’image de la diversité qui caractérise la ville de Toronto. La moitié des participants est mariée, et un quart d’entre eux ont des enfants. Leur profil professionnel est très varié : on y trouve un avocat, un enseignant, un réalisateur, des professionnels du secteur financier, des entrepreneurs en technologie et des fondateurs. Chaque fonds est doté d’un montant initial de 10 000 $, et si les participants réussissent à collecter le même montant auprès de leurs familles, amis ou employeur, la Toronto Foundation contribue un autre 10 000 $ versé dans un pot dont le montant sera octroyé selon une décision commune du groupe.</p><br />
<p>Ce mois-ci, les participants embarquent sur un voyage d’apprentissage qui les mènera à bon port en janvier 2020. Pendant ce temps, ils collaboreront avec les plus brillants des bâtisseurs et dirigeants communautaires de la ville de Toronto pour élaborer des solutions exemplaires. Ils pourront également diriger leurs fonds communs vers des investissements d’impact.</p><br />
<p>À Toronto, nous avons la chance de faire partie du programme « <a href="http://www.100resilientcities.org/" target="_blank">100 Resilient Cities</a> » (<em>anglais</em>) sous la direction de la Rockefeller Foundation. Ainsi, notre cohorte <a href="https://torontofoundation.ca/whats-next-for-resilience/" target="_blank">jouit du soutien et des connaissances</a> (<em>anglais</em>) de notre directeur responsable de la résilience et participe au projet Neighbourhood Resilience par voie d’un financement participatif mis en place par des citoyens.</p><br />
<p>En 2020, lorsque le programme arrivera à sa fin, nos « diplômés » s’envoleront avec leur propre fonds de dotation permanent, équipés d’outils et de connaissances qui leur permettront de décider de leurs dons pendant toute leur vie. On pourrait aussi parler d’une formation intensive ou d’un « <span class="caps">MBA</span> en philanthropie ».</p><br />
<p>Bailey Greenspon, gestionnaire principale chez <a href="https://girls20.org/" target="_blank">G(irls)20</a> et membre de notre cohorte, considère que ce modèle novateur et axé sur la collectivité est à fois accessible et réalisable pour les milléniaux. « Comme gestionnaire dans le secteur sans but lucratif, je sais qu’il est important de faire confiance aux organismes communautaires en leur offrant du financement sans condition pour qu’ils puissent travailler auprès des communautés qu’ils sont les mieux à connaître. Ce soutien leur fournit un filet de sécurité et leur permet de faire des erreurs dans leur quête de la meilleure solution aux problèmes locaux. »</p><br />
<h2>Le rôle des organismes caritatifs</h2><br />
<p>Créer des fonds de dotation permanents qui s’adressent surtout aux jeunes peut sembler surprenant. Pour nouer des relations durables avec cette nouvelle clientèle, il faut d’abord écarter certains stéréotypes. Afin d’aider les jeunes à voir de leurs propres yeux, de toucher et d’entendre ce qui se passe réellement dans leur collectivité, les organismes caritatifs peuvent les inviter à rencontrer des organismes sur le terrain, des travailleurs de première ligne et des experts. Ces expériences les inspireront à donner de façon réfléchie.</p><br />
<p>Ron McLean, un autre participant et partenaire chez <a href="https://www.burgundyasset.com/" target="_blank">Burgundy Asset Management</a>, explique que « le programme «Vision 2020» offre une structure, des outils et de la documentation qui permettent aux jeunes avec un portefeuille moins garni de prendre des décisions de don aussi judicieuses que les personnes avec un plus grand capital, et de mettre leurs efforts au service d’une ville meilleure plutôt que de donner en réponse à une demande de contribution unique. » L’authenticité, la transparence et la prise de décisions fondée sur des données représentent des valeurs appréciées par les jeunes. Par conséquent, plus un organisme est ouvert quant à ses forces et ses faiblesses et plus il appuie son travail sur des travaux de recherche, plus il est susceptible d’établir une relation de confiance avec les membres des générations X et Y.</p><br />
<p>Les organismes doivent aussi se montrer flexibles et aller à la rencontre des jeunes bailleurs de fonds, mêmes à des endroits inusités. J’ai rencontré un de nos participants pendant une course à pied au High Park, et ensemble, nous avons rencontré un autre couple dans un restaurant du coin pour prendre un café. Je ne pouvais faire autrement que d’accommoder mes vis-à-vis, car ils ont tous des vies professionnelles très occupées.</p><br />
<h2>Passer de la parole aux actes</h2><br />
<p>Les motivations des membres de notre première cohorte à se joindre au programme étaient très variées : l’éducation qu’ils avaient reçue, la possibilité d’agrandir leur réseau de contacts, l’occasion de créer un legs, ou les trois en même temps. Ensuite, il fallait créer une histoire qui saura attirer leur intérêt, un exercice de base pour tout collecteur de fonds, mais dans ce cas, nous n’avions pas pris de risque. Avant de soumettre notre idée à nos participants, nous l’avons testée auprès de nos jeunes employés. Je fais d’ailleurs partie de la cohorte : ma femme et moi avons décidé d’y participer pour lancer notre propre stratégie philanthropique et ainsi enseigner à nos enfants dès leur jeune âge la valeur de donner à autrui.</p><br />
<p>Il se trouve de nombreux articles sur la crainte de notre secteur que les prochaines générations ne souscrivent pas à la « philanthropie traditionnelle » et que notre bassin de donateurs soit à sec dans un avenir rapproché. À ces inquiétudes, Kevin Vuong, un <a href="https://www.agencypsi.org/" target="_blank">entrepreneur social</a> et participant à notre programme, réplique : « Je ne peux défendre l’importance de poser des gestes sans passer moi-même de la parole aux actes, alors, j’ai décidé d’investir mon argent pour contribuer à améliorer les conditions de vie dans notre ville. »</p><br />
<p>Une chose est certaine : les jeunes de la prochaine génération veulent donner. Ils sont fin prêts à s’engager à condition de voir les effets de leur contribution, autant sur eux-mêmes que sur leur collectivité. Nous pouvons faire notre part, et nous le faisons. </p><br />
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<h3>À propos de l’auteure</h3><br />
<p><img alt="Aneil Gokhale" height="120" src="/sites/default/files/medium_aneil_gokhale.jpg" style="margin:0px 15px; float:left" width="120" /></p><br />
<p><strong>Aneil Gokhale</strong> est directeur des affaires philanthropiques à la Toronto Foundation. À ce titre, il aide les personnes, familles, conseillers professionnels, entreprises et autres organisations à choisir leurs activités philanthropiques de manière stratégique. Il préside également le comité de l’adhésion et des conseillers professionnels du chapitre de la région de Toronto de l’Association canadienne des planificateurs de don. Auparavant, Aneil a travaillé pour United Way Toronto et <span class="caps">GE</span> Healthcare. Comme mari et père de deux merveilleux enfants, il aime passer du temps en famille dans son quartier High Park/Swansea. Suivez-le sur Twitter <a href="https://twitter.com/a_goks" target="_blank">@a_goks</a>.</p><br />
<p><em>Nos auteurs invités s’expriment à titre personnel. Leurs opinions ne reflètent pas nécessairement celles d’Imagine Canada.</em></p><br />
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