Le milieu des organismes sans but lucratif a fait de l’innovation son nouveau mantra, pour le meilleur et pour le pire.
Ces jours-ci, ma boîte de courriels déborde d’annonces de nouvelles possibilités de financement en innovation sociale, d’ateliers de conception créative et de nouvelles technologies censées rendre notre monde meilleur.
Toutefois, bien que la plupart des dirigeants de notre milieu disent vouloir changer leurs façons de faire pour augmenter leur impact social, ils sont nombreux à ignorer comment y parvenir, et peu d’entre eux estiment avoir les ressources nécessaires. Cette situation n’est pas unique au Canada, au contraire. Des organismes de partout au monde se heurtent à leurs propres aspirations d’innovation (en anglais).
Équipé pour innover?
Pour les organismes, dont la première préoccupation est le financement continu de leurs programmes, l’idée de développer une culture favorable à l’innovation semble complètement irréaliste. Mais est-ce vraiment le cas? Bien sûr, votre organisation n’adoptera pas l’intelligence artificielle demain matin. Dans votre cas, l’innovation pourrait cependant prendre la forme d’un nouvel outil pour produire des reçus fiscaux plus rapidement, d’une nouvelle politique de rémunération pour vos employés, de la mise à jour de vos politiques et règlements, ou d’un sondage pour recueillir des informations qui vous aideront à établir les priorités de votre nouveau plan stratégique.
En fait, ce qui pose davantage problème, c’est la définition même du concept d’innovation. En effet, il est difficile d’adopter ce concept et de le traduire en mesures concrètes sans bien comprendre de quoi il s’agit. Qui plus est, en ces temps de changements constants, le concept, pourtant indispensable, a pris les allures de la saveur du jour. Entrez « innovation » dans votre moteur de recherche préféré et vous allez vous retrouver avec pas moins d’une trentaine de définitions, preuve de l’usage à la fois vaste et varié du concept.
L’innovation, c’est faire les choses différemment pour créer de la valeur
J’aime beaucoup la définition proposée par Tim Kastelle. Selon lui, innover, c’est réagir à un changement de manière créative et utile, p. ex. en développant de nouvelles idées, en menant des recherches, en bonifiant des processus ou en réorganisant des programmes. Or, l’innovation peut aussi se déployer à l’intérieur de votre organisation avec des employés et bénévoles dédiés à améliorer continuellement leurs façons de faire et à renouveler la pertinence de leur travail.
À Imagine Canada, nous avons entamé notre propre processus pour mettre en œuvre une approche innovatrice globale et progressive. Nous travaillons continuellement à améliorer nos processus, notre culture et nos programmes et nous y parvenons de différentes manières. Ainsi, nous adoptons graduellement les principes de gestion agile, nous investissons dans nos infrastructures, nous mettons davantage l’accent sur la collaboration et le travail en réseau et nous augmentons la cadence de nos cycles de travail basés sur les données, l’appui de nos partenaires et l’expérimentation.
Développer un style de gestion adaptatif en cette ère de changement
Nous vous invitons à nous suivre pendant que nous explorons l’innovation pour le bien d’Imagine Canada, mais aussi de l’ensemble du secteur caritatif. Ce printemps, notre Programme de normes organisera le Sommet 2019 qui réunira des organismes de bienfaisance et sans but lucratif cherchant à toujours faire mieux pour servir leurs communautés. Nous discuterons d’amélioration continue, tenterons de faire la lumière sur la gestion du changement à cette époque où tout semble constamment en évolution et tendrons l’oreille pour savoir comme les dirigeants d’organismes partout au pays intègrent l’innovation dans leur travail et quels techniques et outils ils utilisent.
Pour faire écho aux auteurs Asha Curran et Henry Times publiés dans la revue Stanford Social Innovation Review, nous devons résister au discours opposant « dinosaures » et « licornes » (en anglais) selon lequel les organismes établis et traditionnels sont hantés par la prochaine « saveur du jour ». L’impact social et environnemental créé par notre secteur mérite bien plus d’attention qu’il ne reçoit actuellement, et c’est sans parler de sa contribution annuelle à l’économie canadienne chiffrée à 169 millions de dollars. En même temps, nous devons également résister à l’idée voulant que notre histoire, aussi glorieuse soit-elle, soit suffisante pour assurer la pertinence du secteur à l’avenir. En effet, pour prouver notre pertinence, nous n’avons pas le choix d’innover, un petit geste visionnaire à la fois.