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Quelles tendances influeront sur les organismes de bienfaisance et les OBNL dans le premier trimestre de 2025?

Quelles tendances influeront sur les organismes de bienfaisance et les OBNL dans le premier trimestre de 2025?

Ottawa
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Bien des choses ont changé depuis la parution, il y a quelques mois à peine, de la dernière édition de cette série trimestrielle. La fin de l’année 2024 et le début de l’année 2025 ont été marqués par des événements politiques nationaux et internationaux qui ont créé une grande incertitude politique et économique qui aura des répercussions sur les organismes à but non lucratif (OBNL) et sur les communautés bénéficiaires de leurs services tout au long de l’année 2025.

Menace des tarifs douaniers américains 

En décembre 2024, le taux d’inflation au Canada est descendu à 1,8 %1, une nouvelle positive pour le pays, qui est aux prises avec une crise du coût de la vie depuis plusieurs années. Toutefois, cette évolution économique positive est survenue à peu près au même moment où le président élu de l’époque, Donald Trump, a commencé à soulever la menace d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur toutes les importations en provenance du Canada. Les résultats de la plus récente Enquête canadienne sur la situation des entreprises révèlent que 24 % des entreprises, tous secteurs confondus, s’attendent à ce que les événements internationaux aient une incidence sur le commerce avec d’autres pays2.

La Banque Scotia a analysé plusieurs scénarios de tarifs douaniers imposés par les États-Unis, accompagnés de mesures de riposte complètes de la part du Canada. Des tarifs douaniers de 25 % pourraient entraîner une baisse de 5,6 % du PIB du Canada dès le début de 2027. Selon cette même analyse, la Banque Scotia a prédit que l’inflation fondamentale au Canada augmenterait de 4,1 points de pourcentage en raison des tarifs. Le Laboratoire de données sur les entreprises de la Chambre de commerce du Canada a simulé les répercussions économiques de l’imposition de tarifs douaniers de 25 % par les États-Unis et a estimé que, si le Canada exerce une riposte complète, les Américains subiraient une perte annuelle d’environ 1 300 $ US par personne et que les Canadiens subiraient une perte de 1 900 $ CA par année, par personne.

Dans l’éventualité d’un ralentissement économique, le secteur sans but lucratif serait touché, tant sur le plan financier que sur le plan de la demande de programmes et de services. 

Si les gens ressentent les effets d’une récession, ils feront probablement moins de dons aux organismes de bienfaisance et dépenseront sans doute moins dans les entreprises sociales. Si les entreprises canadiennes subissent des contrecoups financiers en raison des tarifs douaniers, les dons des entreprises risquent de diminuer. Si les marchés sont à la baisse, il se peut que l’on assiste également à une contraction du financement de la part des fondations philanthropiques. Malheureusement, les sources de financement des organismes du secteur sans but lucratif suivent pour la plupart les tendances économiques. Ainsi, lorsque le pays connaît une période de difficultés économiques et que la demande de services offerts par le secteur augmente, les OBNL et les organismes de bienfaisance disposent de moins de ressources qu’auparavant pour répondre à cette demande accrue. Les fonds publics provenant des différents ordres de gouvernement constituent l’une des rares sources anticycliques de financement du secteur, mais la question est de savoir si les gouvernements interviendront ou non pour combler les déficits de financement, en particulier au gouvernement fédéral, où règne une grande incertitude.

La demande de certains services, tels que les banques alimentaires, atteint déjà des sommets historiques, de sorte qu’une récession risque d’aggraver la crise du coût de la vie et du logement, ainsi que l’insécurité alimentaire. Une telle situation alourdirait le fardeau des organisations qui sont déjà sollicitées au-delà de leurs capacités, faisant en sorte que des personnes ne puissent pas avoir accès aux services dont elles ont besoin.

Incertitude politique au pays pendant le premier semestre de l’année

Nous avons assisté, à la fin de 2024 et au début de 2025, à une série rapide d’événements politiques importants : la démission de Chrystia Freeland, ancienne vice-première ministre et ministre des Finances, un remaniement ministériel, l’annonce de l’intention de Justin Trudeau de démissionner de ses fonctions de premier ministre du Canada et de chef du Parti libéral, une course à la direction du Parti libéral et la prorogation du Parlement jusqu’au 24 mars 2025. 

Tous ces événements entraînent de nouvelles incertitudes, notamment en ce qui concerne la personne que le Parti libéral choisira comme chef, ainsi que sa performance dans les sondages d’opinion et une éventuelle élection. En revanche, ils donnent lieu à plus de certitude sur d’autres questions, telles que la date des prochaines élections fédérales au Canada. Lorsque la prorogation prendra fin, le nouveau premier ministre ou la nouvelle première ministre (nouveau.elle chef du Parti libéral) devra soit faire face à un vote de confiance qu’il ou elle a peu de chances de remporter si l’on en croit les déclarations publiques des partis d’opposition à ce jour, soit choisir de dissoudre le Parlement et d’aller directement aux élections. Selon les règles électorales du Canada, cela signifie que, à moins que d’autres événements inattendus ne surviennent, la population canadienne pourrait être appelée aux urnes pour choisir le prochain gouvernement fédéral entre le début du mois de mai et la mi-mai. En outre, selon les résultats des élections, nous aurons connu au moins un, voire deux nouveaux premiers ministres cette année, après presque dix ans de règne de Justin Trudeau.

Concrètement, le secteur à but non lucratif subira les contrecoups de ces événements de différentes façons. Durant une prorogation, aucune loi ne peut être adoptée par le Parlement. Le gouvernement et les député.e.s sont toujours au travail, mais ils savent que les élections prévues par la loi approchent à grands pas. Certains d’entre eux pourraient se dépêcher de terminer leur travail avant la fin de leur mandat, tandis que d’autres mettront l’accent sur l’élection à la direction du parti (dans le cas des libéraux) et sur la préparation de la campagne électorale. La situation ne sera pas propice à la promotion de priorités complexes ou à long terme au cours des six premiers mois de 2025. En outre, le remaniement ministériel survenu tout juste avant le congé des Fêtes accentue cette difficulté dans certains domaines politiques, puisqu’il nécessite le rétablissement de nombreuses relations avec les ministères et peut entraîner une perte de temps dans la mesure où les nouveaux ministres et membres de leur personnel doivent se familiariser avec les dossiers existants ou peuvent décider de se concentrer sur de nouvelles priorités.

Pendant les élections fédérales, le gouvernement sera en transition – il se limitera à gérer les affaires publiques impératives et évitera de prendre des décisions engageant le prochain gouvernement. Cette situation aura, entre autres, une incidence sur le secteur puisqu’elle retardera certaines décisions, notamment en matière de financement.

Quel que soit le parti qui l’emportera, il s’agira, du fait de la démission de Justin Trudeau, d’une élection placée sous le signe du changement. Le prochain gouvernement aura de nouvelles priorités, modifiera les investissements dans le secteur à but non lucratif et pourrait modifier les lois et les règlements auxquels sont assujettis les organismes de bienfaisance et les OBNL. Le secteur à but non lucratif devra redoubler d’efforts pour nouer des relations avec le nouveau gouvernement et informer les décideurs sur les contributions de notre secteur et nos priorités en matière de politiques publiques.

Quelles sont vos plus grandes préoccupations et vos principales priorités pour 2025?

Ce blogue traite d’incertitude et notre équipe tente encore de saisir toutes les répercussions de l’évolution de la situation politique et économique sur les OBNL. Nous aimerions connaître votre point de vue quant aux principales possibilités et menaces pour le secteur en 2025, ainsi que vos priorités dans ce contexte en constante évolution. N’hésitez pas à nous contacter à politiquespubliques@imaginecanada.ca à ce sujet!

 

 

 

1  Statistique Canada. Indice des prix à la consommation, décembre 2024.

2  Statistique Canada. Tableau 33-10-0904-01 : Répercussions attendues des événements internationaux sur le commerce de l’entreprise ou de l’organisme au cours des 12 prochains mois, quatrième trimestre de 2024.

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