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Quelles tendances influeront sur les organismes de bienfaisance et les OBNL dans le deuxième trimestre de 2025?

Quelles tendances influeront sur les organismes de bienfaisance et les OBNL dans le deuxième trimestre de 2025?

Cliente dans un supermarché
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Répercussions tarifaires, ressac DEI et nationalisme canadien grandissant figurent parmi les tendances que nous surveillons.

 

Le deuxième trimestre de 2025 a jusqu’à maintenant été dominé par l’élection fédérale au Canada et par une vague déferlante de bouleversements économiques à l’échelle mondiale. L’incertitude est le mot d’ordre et les périodes d’accalmie semblent un souvenir lointain. Dans cette édition de notre série des tendances trimestrielles, nous faisons le point sur la situation économique actuelle, le nationalisme canadien et les effets du ressac en matière de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) dans notre secteur.

Regard sur les périodes de récession antérieures pour affronter les turbulences économiques actuelles

À la fin de 2024, la situation économique semblait se stabiliser après une période prolongée d’inflation élevée. En effet, au début de 2024, 68 % des organismes à but non lucratif (OBNL) s’attendaient à vivre des difficultés liées à la hausse des coûts. Ce chiffre était descendu à 51 % au premier trimestre de cette année1. Malheureusement, une nouvelle menace économique se dessinait au même moment, soit la guerre commerciale mondiale déclenchée par les États-Unis. À ce jour, cette guerre prend la forme d’une suite de tours et de détours, d’annonces surprises et de revirements spontanés.
 
Les tarifs ont créé bien des turbulences économiques, tout comme l’incertitude omniprésente. Selon la Banque du Canada, la confiance des entreprises s’est détériorée. Par conséquent, elles reportent des décisions, revoient leurs prévisions de vente à la baisse et craignent une inflation élevée dans un avenir proche. Un tiers des entreprises présument désormais que le Canada tombera en récession au cours de la prochaine année, soit beaucoup plus que les trimestres précédents.
 
Un récent sondage réalisé par le Projet Canada Perspectives des organismes de bienfaisance jette un éclairage sur la situation actuelle dans le secteur. Ainsi, seulement 14 % des organismes de bienfaisance disent ne ressentir aucun effet. À l’inverse, une grande partie du secteur affirme composer avec un financement réduit (48 %), les effets sur le coût de la prestation des programmes et services (37 %) et une augmentation de la demande pour les services (33 %). De plus, les organismes rapportent des hausses de coûts pour les déplacements, des activités internationales et des salaires. À titre d’exemple, la banque alimentaire Daily Bread estimait en mars qu’elle devrait débourser 2,5 millions de dollars supplémentaires pour nourrir le même nombre de client.e.s.
 
Un regard dans le rétroviseur sur la crise financière de 2008 permet de comprendre les effets potentiels sur le secteur d’un important ralentissement économique causé par les tarifs. L’économie canadienne est entrée en récession à l’automne 2008. Cependant, de nombreux indicateurs conjoncturels ont rebondi durant la première moitié de 2009. Le PIB mensuel s’est rétabli à l’automne 2010, puis les pertes d’emplois avaient été compensées dès le début de 2011. Bien que la récession ait frappé moins fort au Canada qu’ailleurs, elle avait durement touché notre économie. Durant cette période, Imagine Canada a réalisé une série de sondages de quatre questions auprès des organismes de bienfaisance. Ces questions visaient à mesurer le degré de stress que subissaient les organismes en s’intéressant à leur capacité à accomplir leur mission, à leur capacité à payer leurs dépenses, à l’évolution de la demande et au risque pour le maintien de leurs activités. Vers la fin de 2009, la moitié des organismes de bienfaisance actifs disaient vivre un stress, incluant 14 % qui rapportaient un stress élevé. Deux ans plus tard, vers la fin de 2011, la proportion d’organismes en situation de stress avait reculé légèrement pour atteindre 48 %. Cependant, celle des organismes vivant un stress élevé avait connu une hausse pour atteindre 17 %. Au moment du dernier sondage à la fin de 2013, ces chiffres n’avaient quasiment pas changé. Malheureusement, nous ne disposons pas de données de référence avant ou après cette récession, aux fins de comparaison. Nous savons aussi que chaque récession est unique sur le plan de la sévérité, de ses caractéristiques et de la réponse gouvernementale. Cette série de sondages peut tout de même nous renseigner sur les répercussions éventuelles d’une récession pour notre secteur.
 
Dans la situation actuelle, le gouvernement fédéral a annoncé une foule de mesures pour contrer l’effet des tarifs. Ces mesures très ciblées concernent surtout les entreprises les plus directement touchées, mais le gouvernement a aussi élargi temporairement l’admissibilité au programme de Travail partagé. Il inclut désormais les OBNL qui enregistrent une baisse de revenus causée directement ou indirectement par les tarifs. Contrairement aux règles habituelles, les changements permettent de tenir compte de baisses de revenus attribuables à une diminution des subventions, des dons, de l’adhésion, des revenus de placement et d’autres turbulences en matière de financement. Pendant la pandémie de COVID-19, le secteur s’est d’abord vu exclu de nombreuses mesures d’aide économique générales et a dû se battre ardemment pour y accéder. L’inclusion du secteur dans ce programme dès sa mise en place offre une aide concrète aux organismes en difficulté. Elle témoigne aussi d’une reconnaissance accrue du rôle du secteur dans l’économie canadienne par le gouvernement fédéral.

Le nationalisme canadien gagne en popularité

En réponse à la guerre commerciale et aux menaces à la souveraineté canadienne venant de notre voisin au Sud, beaucoup ont décidé de boycotter les produits américains et de choisir délibérément des produits canadiens.
 
Certains OBNL et organismes de bienfaisance commencent à trouver de nouvelles sources d’approvisionnement pour des produits et services essentiels, par principe ou pour réduire les coûts par rapport aux biens soumis aux tarifs. L’Ontario Nonprofit Network a publié de l’information juridique pour les organismes ontariens, en particulier les fondations, qui cherchent à intégrer davantage de produits canadiens dans leur portefeuille d’investissement (en anglais). D’autres considèrent que le moment est propice pour unifier le pays autour des valeurs canadiennes défendues par le secteur, notamment la démocratie; les principes de diversité, d’équité et d’inclusion; les soins de santé; et l’égalité des genres.

Le ressac DEI ne semble pas encore toucher le secteur caritatif canadien

Au cours des derniers mois, les médias ont fait état d’une opposition grandissante aux initiatives DEI, surtout dans le contexte américain. Aux États-Unis, le gouvernement et plusieurs institutions et entreprises d’envergure ont mis fin à leurs programmes de promotion de l’équité. Considérant l’influence mondiale de la culture américaine, beaucoup s’inquiètent, non sans fondement, de l’expansion de cette rhétorique au Canada.
 
Alors, qu’en est-il du secteur caritatif canadien à l’heure actuelle? En mars, 1 % des organismes de bienfaisance disaient avoir réduit l’accent sur les questions DEI depuis un an, et 8 % déclaraient n’en avoir jamais fait une priorité. En même temps, deux tiers des organismes sondés déclaraient que l’importance qu’ils accordaient à ces questions n’avait pas changé et pour un quart d’entre eux, elle avait augmenté. Beaucoup d’organismes disaient avoir renforcé leurs pratiques dans une optique d’équité. Sur le plan des défis, certains indiquaient la politisation de ce travail. Toutefois, beaucoup renvoyaient plutôt à des difficultés pratiques bien connues comme le manque d’expertise dans les équipes et le manque de financement pour des initiatives DEI dans un secteur toujours à court de ressources.
 
Dans l’ensemble, les résultats du sondage montrent que les questions DEI continuent de bénéficier d’un soutien relativement élevé dans le secteur. Qui plus est, certains réitèrent leur engagement pour l’équité. En mars, la Fondation du Grand Montréal a publié une déclaration réaffirmant les valeurs fondamentales de son travail, justice, équité, diversité et inclusion. Pour sa part, Jean-Marc Mangin, président-directeur général de Fondations Philanthropiques Canada, écrit dans un récent billet de blogue qu’« [e]n cette période d’incertitude,  il ne faut pas perdre de vue nos engagements envers les groupes en quête d’équité, notamment les Autochtones, d’autant plus que le Canada souligne cette année le 10ᵉ  anniversaire des appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation. » D’autres ont profité de la campagne électorale fédérale pour faire valoir les questions d’équité, notamment le groupe Queer Momentum dans une lettre ouverte adressée aux chefs de partis et Action Canada pour la santé et les droits sexuels avec sa campagne « Exigeons mieux ».

Chose certaine, ce dossier ne cesse d’évoluer, et nous devrons continuer à le surveiller pour comprendre si l’équité perd du terrain dans notre secteur.

 

1  Statistique Canada, tableau 33-10-0917-01 : Obstacles à surmonter par les entreprises ou organismes au cours des trois prochains mois, premier trimestre de 2025 et tableau 33-10-0772-01 : Obstacles à surmonter par les entreprises ou organismes au cours des trois prochains mois, premier trimestre de 2024.

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