La situation économique et la COVID‑19 causent encore des problèmes, tandis que le secteur fait face à des défis en matière de cybersécurité.
L’année 2023 s’achève. Sans avoir été tout à fait normale, elle a marqué la fin de la phase aiguë de la pandémie de COVID‑19. En mai, l’Organisation mondiale de la Santé a déclaré que la crise sanitaire mondiale était terminée. L’année 2023 aura donc été la première année depuis 2019 où les autorités de santé publique n’auront pas eu à imposer de confinement au pays.
Le fait marquant de l’année au Canada est sans contredit la hausse de l’inflation. Jumelée à la pénurie de logements, l’inflation a entraîné une telle crise du coût de la vie que de nombreux Canadiens et Canadiennes ont aujourd’hui du mal à joindre les deux bouts. Dans sa manifestation extrême, cette situation a contribué à l’augmentation du nombre de sans-abri dans de nombreuses régions du pays. Tout cela dans le contexte d’une crise climatique destructrice qui ne cesse de s’intensifier, de la poursuite de la guerre en Ukraine et de la recrudescence de la violence au Moyen-Orient. Tout au long de l’année, les organismes de bienfaisance et les organismes à but non lucratif (OBNL) ont dû répondre à la demande croissante de leurs collectivités, tout en gérant l’impact de ces multiples crises simultanées.
Pour en savoir plus sur les grandes tendances qui influent sur le secteur, poursuivez votre lecture de ce plus récent billet de notre série trimestrielle.
COVID‑19 : fini la pandémie, mais il y a encore des répercussions sur les collectivités
Au cours des deux dernières années, la vaccination à grande échelle et la mutation du virus vers des souches plus contagieuses, mais moins graves nous ont permis d’avoir une vie plus normale en présence de la COVID‑19. Cependant, le virus a toujours des répercussions dans nos collectivités et devrait continuer d’en avoir cet automne et cet hiver. Dans ce contexte, il est probable que les OBNL aient à composer avec des absences de membres du personnel pour cause de maladie (infections aiguës à la COVID et COVID longue), à gérer les éclosions et à trouver des façons d’aider les personnes vulnérables et immunosupprimées en toute sécurité. Malgré la fin de la pandémie mondiale, les dirigeant.e.s des OBNL doivent s’attendre à ce que la COVID continue de perturber leurs activités au cours des prochains mois, voire des prochaines années, et doivent planifier en conséquence.
Des temps difficiles à venir pour les OBNL en raison de la faible croissance économique prévue
Sommes-nous déjà en récession? Les économistes en débattent, mais pour le commun des mortels, les détails techniques n’ont pas vraiment d’importance. Il est évident que nous vivons un ralentissement économique et une crise du coût de la vie.
Selon les résultats de la plus récente Enquête canadienne sur la situation des entreprises (ECSE), 53 % des OBNL communautaires (au service des ménages ou des personnes) s’attendent à ce que l’inflation représente un obstacle pour eux au cours des trois prochains mois. Malgré cela, 62 % des organismes s’attendent à ce que leurs réserves de liquidités augmentent ou demeurent inchangées et 86 % déclarent avoir les liquidités nécessaires à l’exploitation au cours des trois prochains mois. Ces indicateurs n’ont pas beaucoup changé depuis le troisième trimestre de 2021. De même, seulement 1,6 % des OBNL communautaires envisagent de fusionner avec une autre organisation au cours des 12 prochains mois et seulement 0,2 % disent envisager de fermer, des chiffres semblables à ceux de l’an dernier.
À quoi ressemble la situation économique du secteur concrètement? À Moisson Outaouais, à Gatineau, les membres du personnel de la banque alimentaire ont eux-mêmes recours au service qu’ils offrent. Au Nouveau-Brunswick, le personnel d’un refuge dit être témoin de plus de désespoir, de plus de violence et d’un plus grand nombre de personnes dans des états de crise extrêmes. La Humane Society de l’Île-du-Prince-Édouard (en anglais) a dû interrompre la construction d’un nouveau refuge pour animaux en raison de l’augmentation des coûts. En Ontario, l’Orchestre symphonique de Kitchener-Waterloo a déclaré faillite une semaine après avoir annulé sa saison 2023‑2024. En Colombie-Britannique, une banque alimentaire (en anglais) vient en aide à trois fois plus de personnes chaque mois, et à un nombre croissant de salarié.e.s qui peinent à arriver en raison de l’augmentation du coût de la vie.
La rapide transformation numérique du secteur pose des cyberrisques de plus en plus pressants
Le secteur à but non lucratif a subi une transformation numérique rapide durant la pandémie, car le confinement et les consignes de travail à domicile ont forcé les organisations à modifier leur mode de fonctionnement. Si de nombreux avantages et gains d’efficacité découlent de cette transformation, celle-ci comporte également des risques réels. Les résultats de l’ECSE pour le troisième trimestre donnent un aperçu des expériences du secteur en matière de cybersécurité et des plans qu’elles ont élaborés pour faire face aux cyberrisques.
Au cours de la dernière année, 15 % des OBNL communautaires ont déclaré qu’un membre de leur personnel ou l’organisme lui-même avait été victime d’incidents d’hameçonnage, et 9 % des organismes ont été victimes de fausses nouvelles ou de faux messages sur les médias sociaux. Seulement 0,8 % des OBNL communautaires ont déclaré avoir été touchés par des attaques de rançongiciel. Cependant, plusieurs incidents graves de rançongiciel ont eu lieu dans le secteur au cours de la dernière année. Parmi les organisations touchées, mentionnons l’Hôpital pour enfants SickKids de Toronto, l’Université de Waterloo (en anglais) et, plus récemment, cinq hôpitaux de la région du Sud-Ouest de l’Ontario. D’un point de vue économique, PwC rapporte que les deux tiers des cadres canadiens considèrent la cybercriminalité comme la menace la plus importante pour l’année à venir. 8
Certains OBNL prennent des mesures pour contrer les cyberrisques, mais de nombreux autres demeurent inactifs à cet égard. À peine un peu plus du quart (28 %) des OBNL communautaires ont déclaré à Statistique Canada qu’ils prévoient prendre de nouvelles mesures de cybersécurité ou des mesures supplémentaires au cours de la prochaine année. Parmi les organismes qui ne prévoient pas mettre en œuvre des mesures de cybersécurité, 18 % estiment que leur organisme n’a pas besoin de telles mesures, 14 % disent avoir déjà mis en place des mesures et 5 % répondent qu’elles n’ont pas les ressources financières nécessaires.
De nombreux expert.e.s craignent que les dirigeant.e.s du secteur à but non lucratif n’en fassent pas assez pour protéger leurs organisations contre les cyberrisques. En début d’année, le Centre canadien pour la résilience numérique des organismes sans but lucratif a publié sa vision et sa stratégie pour renforcer la cybersécurité et la résilience du secteur (disponible en anglais seulement). Ce rapport traite des raisons pour lesquelles les OBNL sont « à la traîne » en matière de cybersécurité, notamment le manque de sensibilisation et d’attention, les restrictions financières, les cycles de planification et de budgétisation ainsi que la vétusté du matériel et des logiciels. La première étape pour combler cette lacune est l’éducation.
1 Statistique Canada. Tableau 33‑10‑0689‑01, Obstacles à surmonter par les entreprises ou organismes au cours des trois prochains mois, troisième trimestre de 2023.
2 Statistique Canada. Tableau 33‑10‑0688‑01, Attentes des entreprises ou des organismes au cours des trois prochains mois, troisième trimestre de 2023.
3 Statistique Canada. Tableau 33‑10‑0711‑01, Liquidités et accès aux liquidités au cours des trois prochains mois, troisième trimestre de 2023.
6 Statistique Canada. Tableau 33‑10‑0709‑01, Formes de mésinformation ou de désinformation dont une entreprise ou un organisme a été victime au cours des 12 derniers mois, troisième trimestre de 2023.
7 Statistique Canada. Tableau 33‑10‑0708‑01, Répercussions des incidents de rançongiciel sur les entreprises ou les organismes au cours des 12 derniers mois, troisième trimestre de 2023.
8 PwC. Renseignements sur les cybermenaces au Canada – Rapport annuel 2023.