Au cours des dernières semaines, j’ai eu la chance de parcourir le pays d’est en ouest, de la côte atlantique jusqu’au Pacifique. Ce fut une période de rencontres intéressantes, au lendemain de l’élection fédérale et quelque temps avant le jour du Souvenir et les propos de Don Cherry sur le port du coquelicot.
Voilà deux extrêmes qui m’ont estomaqué. D’un côté, les fissures au sein de la fédération canadienne rendues clairement visibles par la plus récente élection fédérale, et, de l’autre côté, la force rassembleuse (en grande majorité, en tout cas) dont nous sommes témoin tous les 11 novembre.
Réflexion sur l’élection fédérale 2019
L’élection fédérale d’octobre dernier a mis fin à une campagne comme nous en avons rarement vu. Elle a exposé des divisions fondées sur des intérêts régionaux, elle a été menée sur un ton souvent ignoble et personnel, et elle a nourri le cynisme et le pessimisme des électeurs et électrices.
En fait, dans plusieurs analyses postélectorales, on ne parlait pas d’une victoire électorale, mais d’une élection remportée par ceux qui avaient perdu le moins. Les divisions au sein de notre pays ne semblent que s’accentuer.
Tandis que les Canadiens et Canadiennes font le bilan de cette élection, une chose est relativement certaine : nous allons nous soumettre au même exercice dans environ deux ans.
Un jour du Souvenir que nous n’oublierons pas de sitôt
Pendant cette même période, le jour du Souvenir nous a offert un moment pour nous recueillir et réfléchir au chemin parcouru par notre pays pour devenir le meilleur endroit au monde où vivre. Un pays acclamé non seulement pour sa beauté naturelle, mais aussi pour sa richesse économique, son accueil des nouveaux arrivants, son leadership calme et sans prétention dans le monde et sa capacité de régler les différends par les mots plutôt que par la violence.
Mon beau-père était un fier vétéran de la guerre de Corée et il croyait dur comme fer aux idéaux de notre pays pour lesquels il était prêt à se battre. Je me demande aujourd’hui ce qu’il penserait de l’état actuel de notre fédération.
En ces temps de divisions, quel rôle pour les organismes caritatifs?
En réfléchissant à notre avenir, je me demande s’il est possible de renverser l’actuel ton négatif axé sur la division et de mettre l’accent sur les aspects qui nous unissent, tout en reconnaissant nos différences de manière respectueuse, intègre et positive.
Le secteur de la bienfaisance et sans but lucratif peut-il contribuer à créer des ponts pour remédier à la polarisation qui est en train de gruger notre société?
En raison de mon expérience à travailler avec et auprès des organismes de bienfaisance et sans but lucratif, communément appelés la « société civile », je crois que les gestes d’entraide et d’attention à autrui ancrés dans la collectivité peuvent tracer le chemin vers une société réellement « civile ».
Plus que jamais, notre pays a besoin d’organismes de bienfaisance, d’organismes sans but lucratif et d’entrepreneurs sociaux.
Comment faire?
Le fait de nous réunir autour d’une cause commune renforce nos rapports humains innés. Délaisser nos écrans et de nos téléphones (ne serait-ce que pendant quelques minutes) afin de travailler ensemble pour le bien de nos collectivités.
La particularité des « causes », c’est qu’elles transcendent les idéologies, les régions, les ethnies et les langues. Toutes les collectivités canadiennes font face aux mêmes défis liés à la santé, à la pauvreté, à l’itinérance, au vieillissement, etc. L’idéologie politique ne vient brouiller les cartes que lorsqu’il est question de solutions.
Or, la participation politique n’est qu’un moyen parmi d’autres pour contribuer au bien-être de notre société.
Les causes portées par les Canadiens et Canadiennes offrent une autre avenue pour contribuer à créer une société réellement civile, par un engagement authentique, l’aide offert à nos voisins, la proposition de solutions ou l’investissement de notre temps et de notre argent.
Créer des ponts en temps de divisions
Distribuer des repas aux sans-abris, faire la promotion d’une cause qui touche un membre de la famille, une amie ou un collègue, mettre à profit des décennies d’expérience professionnelle pour retravailler la stratégie d’un groupe communautaire ou investir dans l’entreprise sociale naissante d’un jeune, voilà des gestes fondamentalement humains qui forment la base sur laquelle nous construisons des liens de confiance et développons la compréhension de l’autre.
Plutôt que de lancer des insultes à partir de l’anonymat sécuritaire de l’espace virtuel, donnons un visage humain à ceux que nous critiquons avec tant de facilité. Si « l’autre » s’engage à vos côtés comme entraîneur de jeunes joueurs de soccer, il va sans dire que d’éventuelles discussions politiques se feront dans le respect, avec civilité et sincérité.
Je suis optimiste.
C’est probablement une des raisons pour lesquelles j’ai passé toute ma vie professionnelle dans le secteur de la bienfaisance et sans but lucratif. Je suis conscient des nombreux problèmes et défis de notre pays, mais je crois fermement que le temps est venu pour notre secteur de se démarquer.
Le Canada aura besoin des organismes caritatifs en 2020
Un espace qui permet aux gens de nouer de vraies relations en participant à améliorer les conditions dans leur collectivité. Tenir nos dirigeants politiques responsables d’encourager un débat respectueux axé sur nos points communs et la reconnaissance de nos différences. Agir comme ponts pour favoriser une meilleure compréhension entre citoyens.
Plus que jamais, notre pays a besoin d’organismes de bienfaisance, d’organismes sans but lucratif et d’entrepreneurs sociaux. Nous représentons le segment de la société qui propose des solutions à des problèmes communautaires, et ce, d’une manière qui rassemble les gens plutôt que de les diviser.
À l’approche de l’an 2020, redoublons d’efforts pour consolider notre travail collectif. Notre pays compte sur nous.