L’éthique est la pierre angulaire de la collecte de fonds. Sans elle, les gens ne feraient tout simplement pas de dons aux organismes de bienfaisance, et ces derniers ne pourraient pas offrir leurs programmes et services. L’éthique est la façon par laquelle les organismes caritatifs démontrent leur engagement en matière de responsabilité et de transparence et montrent à la population qu’ils sont dignes de sa confiance.
L’éthique est à l’origine de la création en 1960 de l’Association of Fundraising Professionals (AFP, Association des professionnels en philanthropie), la plus importante communauté de professionnels en collecte de fonds au monde. Le premier code d’éthique de l’AFP comptait quatre normes déontologiques (il en compte aujourd’hui 25) relatives au professionnalisme, à l’intention du donateur ainsi qu’à la rémunération et aux commissions basées sur un pourcentage des dons amassés.
Selon Statistique Canada, les Canadiens versent chaque année plus de 10 milliards de dollars aux organismes de bienfaisance et des millions de Canadiens font du bénévolat pour d’innombrables causes. On pourrait donc croire que les organismes ont réussi à établir un lien de confiance avec la population. Mais si vous creusez un peu, le tableau est un peu plus sombre.
D’une part, la confiance à l’égard du secteur de la bienfaisance est relativement élevée, près de huit Canadiens sur dix affirmant faire confiance aux organismes de bienfaisance et aux organismes sans but lucratif au pays, selon le sondage de l’AFP Ce que veulent les donateurs canadiens. Trois Canadiens sur quatre pensent que les organismes de bienfaisance jouent un rôle important dans la société et qu’ils répondent à des besoins auxquels ne répondent ni le gouvernement ni les secteurs public ou privé.
D’autre part, seulement 61 % des Canadiens sont d’avis que les organismes de bienfaisance sont dignes de confiance. De même, à peine 63 % estiment que la plupart des organismes caritatifs canadiens gèrent de manière responsable les dons qu’ils reçoivent. Les Canadiens sont cependant plus divisés en ce qui concerne le montant que les organismes de bienfaisance disent consacrer aux programmes et services par rapport à leurs dépenses pour les activités de collecte de fonds, les fournitures et l’administration. Une majorité croissante (58 %) fait toujours confiance aux organismes de bienfaisance à cet égard, mais environ un tiers des Canadiens leur font moins confiance, certains pensant même que les organismes de bienfaisance surévaluent le montant qu’ils consacrent à la cause ou aux programmes (24 %) ou qu’ils les induisent en erreur intentionnellement à ce sujet (10 %).
De toute évidence, les Canadiens sont préoccupés. Alors que doivent faire les organismes de bienfaisance et les professionnels en collecte de fonds pour apaiser leurs préoccupations? Comment informer la population au sujet des innombrables mesures qui sont en place pour protéger leur vie privée et leurs intérêts?
À une époque où les donateurs s’impliquent de plus en plus et où les organismes de bienfaisance font preuve d’une plus grande responsabilisation, les gens veulent savoir ce que font les organismes pour protéger leurs intérêts, qu’il s’agisse de mesures de sécurité renforcées pour protéger les transactions en ligne ou de politiques internes pour garantir que les dons sont utilisés comme prévu.
La population doit comprendre que les organismes de bienfaisance ne prennent pas leurs décisions en vase clos et qu’ils respectent des normes et des points de contrôle communément admis. Un bon nombre de ces normes et points de contrôle se retrouvent dans le Code de déontologie de l’AFP, de même que dans la Charte des droits du donateur, qui énumère les attentes que les donateurs sont en droit d’avoir lorsqu’ils font un don de bienfaisance.
Voici les « droits » qu’a un donateur lorsqu’il fait un don de bienfaisance :
- Être informé de la mission de l’organisme, de la façon dont il entend utiliser les dons qui lui sont faits et de sa capacité de les utiliser effectivement pour les raisons pour lesquelles ils sont sollicités;
- Être informé de l’identité des membres du conseil de direction de l’organisme et attendre de ce dernier qu’il fasse preuve de jugement et de prudence dans l’exercice de ses responsabilités;
- Avoir accès aux derniers états financiers de l’organisme;
- Avoir l’assurance que ses dons seront utilisés dans le but dans lequel ils sont faits;
- Recevoir les remerciements et la reconnaissance appropriés;
- Avoir l’assurance que l’information concernant ses dons sera traitée avec le respect et la confidentialité prévus par la loi;
- S’attendre à ce que toutes les relations avec les personnes représentant les organismes auxquels il s’intéresse soient professionnelles;
- Savoir si ceux qui le sollicitent sont des bénévoles, des employés de l’organisme ou des solliciteurs sous contrat;
- Avoir la possibilité de faire retirer son nom des listes d’envoi qu’un organisme peut vouloir communiquer à d’autres;
- Se sentir libre de poser des questions quand il fait un don et recevoir promptement des réponses véridiques et franches.
La plupart des donateurs ne savent probablement pas ce à quoi ils sont en droit de s’attendre lorsqu’ils font des dons à un organisme de bienfaisance. Imaginez à quel point ils se sentiront en confiance quand vous leur expliquerez leurs droits en tant que donateurs. Imaginez l’opinion positive qu’ils auront au sujet de votre organisme lorsqu’ils auront à décider à qui verser leur prochain don.
Tout ce que font les organismes de bienfaisance – les programmes et les services offerts, l’aide apportée chaque jour à des millions de personnes – est possible grâce à l’éthique. Alors veillez à ce que votre organisme respecte les normes de déontologie les plus élevées qui soient et afin de gagner la confiance de vos donateurs, prenez soin de les informer de ce que vous faites.
Octobre est le Mois de la sensibilisation à l’éthique. Vous trouverez des ressources et d’autres renseignements utiles pour les organismes de bienfaisance et sans but lucratif sur le site Web de l’AFP.
Les contributions de nos auteurs et autrices invités représentent leurs opinions et expertise personnelles et ne reflètent pas nécessairement l’opinion d’Imagine Canada.
Michael Nilsen est vice-président, Marketing, communications et politiques publiques, à l’Association of Fundraising Professionals (Association des professionnels en philanthropie), une organisation qui s’efforce de promouvoir une profession de collecte de fonds éthique et efficace, et qui représente plus de 28 000 organismes de bienfaisance et professionnels en collecte de fonds dans le monde. Michael chapeaute le Mois de la sensibilisation à l’éthique, qui est célébré pendant tout le mois d’octobre.