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Après l’Église, nos milieux de travail deviennent-ils le nouveau catalyseur de générosité?

Après l’Église, nos milieux de travail deviennent-ils le nouveau catalyseur de générosité?

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Et si l’un des milieux les plus improbables s’avérait un élément central pour combler le déficit social?

Depuis la nuit des temps, notre société voit les groupes communautaires comme le milieu par excellence pour encourager, nourrir et transmettre la générosité d’une génération à une autre. Les lieux de culte ont joué un rôle particulièrement important pour la création d’une société composée de citoyens soucieux du bien-être de leurs voisins et prêts à passer à l’action par le bénévolat ou la philanthropie.

Or, plusieurs communautés confessionnelles témoignent d’un déclin significatif de la participation régulière à leurs services et activités. Devant cette réalité, les lieux de travail pourraient-ils prendre la relève pour devenir le milieu où les Canadiens et Canadiennes trouveront l’inspiration pour exprimer leur générosité?

Selon un nouveau rapport publié par Imagine Canada, il s’agit là d’une réelle possibilité.

Un déficit social de 25 milliards $ à combler

Prenons un instant pour mieux comprendre la situation.

Selon une analyse réalisée par Brian Emmett, économiste en chef du secteur des OSBL, le Canada fait face à un déficit social imposant (infographie). Ce terme fait référence à l’écart entre la demande croissante pour les services et la capacité de la société à payer pour ces services. D’ici 2026, on s’attend à ce que le déficit social s’élève à 25 milliards de dollars.

Les dons à la baisse

Au moment où notre société a besoin de l’engagement des citoyens, que ce soit sous forme de bénévolat ou de contributions financières, le taux de don est en constant recul. Le rapport 30 ans de don au Canada, publié en 2018 en partenariat avec la Fondation Rideau Hall, avait révélé que depuis 1990, la part de contribuables qui réclament un crédit d’impôt pour don de bienfaisance a diminué de façon constante pour passer de 29,5 % en 1990 à 20,8 % en 2014.

En d’autres mots, lorsque seulement un tiers de la population déclare des dons et que nous perdons un tiers de ce groupe, le défi qui consiste à trouver une solution au déficit social prend une tout autre mesure.

Qui plus est à une époque où l’un des plus importants catalyseurs de générosité vit lui-même des défis considérables.

Tourner le dos à l’Église

Selon un article du InTrust Centre for Theological Schools, les Canadiens et Canadiennes ont délaissé les services religieux au cours des dernières décennies. Au milieu des années 1960, 50 pour cent de la population affirmait participer aux services religieux une fois par semaine. En 2015, cette proportion était de seulement 10 pour cent. 

Dans un rapport de la CBC publié en mars 2019, on écrit : « En date de 2009, les organisations religieuses au Canada étaient propriétaire de 27 601 lieux de culte, de formation ou de promotion. Ce chiffre est tiré d’un audit énergétique préparé par Ressources naturelles Canada. Des statistiques sur la fermeture de ces lieux à l’échelle nationale continuent d’évoluer, mais selon la Fiducie nationale du Canada, un tiers de ces édifices seront vendus ou démolis en dix ans. Certains d’entre eux ont déjà été abandonnés, vendus ou démolis depuis 2009. »

Cette évolution mérite notre attention, puisque les auteurs du rapport 30 ans de don au Canada démontrent clairement que les personnes qui fréquentent régulièrement les lieux de culte donnent, en moyenne, près de trois fois plus d’argent que leurs concitoyens séculiers.

Petite église par une colline
Petite église par une colline

Les entreprises prendront-elles la relève de l’église?

Devant l’impopularité grandissante d’une des plus anciennes écoles de générosité, on se demande où nos futures générations auront-elles l’occasion d’apprendre sur les bienfaits de la générosité?

L’idée que nos milieux de travail peuvent devenir les nouveaux transmetteurs de l’engagement civique émerge du récent rapport Bénéfices, objectifs et employés qualifiés : tendances et motivations relatives aux dons et au bénévolat des entreprises, et elle mérite qu’on s’y attarde.

Dans un premier temps, 43 pour cent des employés canadiens participant au sondage ont indiqué que leur employeur les encourage à faire des dons de bienfaisance. C’est une nouvelle incroyable! Si les entreprises prennent le relais pour transmettre le message de la générosité dans le milieu de travail, les gens auront alors accès à une nouvelle avenue pour les introduire aux dons et à la participation.

Des entreprises généreuses forment des citoyens généreux

L’importance de l’impact du milieu de travail comme vecteur de l’engagement communautaire est indiscutable.

Les personnes qui rapportent que leur employeur offre un programme de dons retenus à la source, un programme de dons en milieu de travail et un programme de dons de contrepartie sont 67 pour cent plus enclines à faire des dons à des œuvres de bienfaisance que les personnes dans les milieux de travail qui n’offrent aucun de ces programmes.

Qui plus est, parmi les employés disant que leur employeur leur transmet régulièrement de l’information sur des organismes de bienfaisance auxquelles ils pourraient vouloir donner, 76 pour cent disent faire des dons réguliers à un moins un de ces organismes.

Succès commercial et investissement communautaire vont de pair

Le passage de non-donateur à donateur peut se faire à l’intérieur ou à l’extérieur de l’entreprise, mais le résultat central est qu’il ne s’agisse pas d’un événement ponctuel ou isolé. Ces employés sont devenus des donateurs réguliers d’organismes caritatifs, que ce soit par des montants retenus à la source (administré par l’employeur), dans leur vie privée ou à travers un autre mécanisme. Encourager les employés à donner s’avère donc un geste avantageux tant pour l’entreprise que pour la société.

De plus, la probabilité qu’un employé donne aux œuvres caritatives augmente avec le nombre de programmes de contribution offerts par l’employeur. Ainsi, 47 pour cent des employés dont l’employeur n’offre aucun programme font des dons, contre 79 pour cent des personnes travaillant dans une entreprise qui offre les trois programmes. De toute évidence, les possibilités de donner offertes par les entreprises inspirent les employés à le faire.

Ces résultats démontrent par ailleurs que seules les entreprises qui s’engagent dans le travail d’investissement communautaire de façon intentionnelle et authentique réussissent à faire de leur milieu de travail un vecteur pour inciter les gens à donner.

Les contributions des entreprises : d’« atout » à « élément incontournable »

Les entreprises qui s’engagent dans cette voie estiment en tirer de meilleurs avantages. En effet, les entreprises aux activités d’investissement communautaire les plus efficaces sont 2,6 fois plus susceptibles de consulter les membres de leur communauté dans le cadre de leur stratégie de don et beaucoup plus enclines à organiser des ateliers de cocréation avec des partenaires externes.

Cet engagement se traduit également par une meilleure compréhension de l’effet du travail accompli. Ainsi, les entreprises aux activités d’investissement communautaire les plus efficaces sont 2,4 fois plus susceptibles d’évaluer les effets à long terme et systémiques de leurs investissements.

L’avenir appartiendra aux entreprises qui, dans la course aux meilleurs employés, adoptent une réflexion stratégique et intentionnelle pour leur programme d’investissement communautaire. L’effet domino sur l’apprentissage de la générosité pourrait s’avérer des plus signifiants.

Ça augure bien pour l’avenir de notre pays.

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